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Devenir aide-soignante auto-entrepreneur : le guide

Un aide-soignant peut exercer en tant qu’auto-entrepreneur, à condition de respecter un cadre légal précis et d’obtenir les agréments nécessaires. Ce statut offre une liberté professionnelle attractive pour les professionnels du soin souhaitant s’affranchir du salariat traditionnel.

Voici ce que vous découvrirez dans cet article :

  • Les conditions légales pour exercer en tant qu’aide-soignant indépendant
  • Les démarches administratives à accomplir pour vous lancer
  • Les activités autorisées et les limites de ce statut
  • Les aspects financiers et fiscaux à connaître
  • Les avantages et inconvénients de ce choix professionnel

Définition et cadre général de l’aide-soignant auto-entrepreneur

L’aide-soignant auto-entrepreneur (également appelé micro-entrepreneur) est un professionnel de santé diplômé qui exerce son métier de façon indépendante, sans lien de subordination avec un employeur. Ce statut lui permet de proposer ses services directement aux particuliers ou aux structures de santé, en toute autonomie.

Contrairement à l’aide-soignant salarié qui travaille généralement en établissement (hôpital, EHPAD, clinique), l’aide-soignant auto-entrepreneur intervient principalement au domicile des patients. Il gère sa propre activité, choisit ses missions, ses horaires et fixe ses tarifs.

Ce mode d’exercice s’inscrit dans un contexte de forte demande en soins à domicile, notamment avec le vieillissement de la population et la volonté de nombreuses personnes de rester chez elles le plus longtemps possible malgré la perte d’autonomie.

Important : L’aide-soignant auto-entrepreneur reste un professionnel paramédical dont les compétences sont encadrées par la loi. Il ne peut réaliser que les actes pour lesquels il est formé et habilité, principalement les soins d’hygiène et de confort.

Conditions légales et agréments nécessaires pour exercer

Pour exercer légalement en tant qu’aide-soignant auto-entrepreneur, plusieurs conditions doivent être impérativement remplies :

  • Le diplôme obligatoire : Être titulaire du Diplôme d’État d’Aide-Soignant (DEAS). Aucune dérogation n’est possible, ce diplôme s’obtient après une formation d’un an (environ 1540 heures) ou par Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) pour les personnes justifiant d’une expérience significative.
  • L’agrément qualité : Obtenir un agrément “de qualité” délivré par la Direction Régionale de l’Économie, de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DREETS, anciennement DIRECCTE). Cet agrément est indispensable pour intervenir auprès des personnes vulnérables (personnes âgées de plus de 60 ans, personnes handicapées ou souffrant de pathologies chroniques).

La demande d’agrément doit comporter plusieurs éléments :

  • Une présentation détaillée de votre projet professionnel
  • La liste des services que vous proposez
  • Une copie de votre diplôme d’État
  • Les tarifs que vous pratiquerez
  • La zone géographique d’intervention

Le délai d’obtention de cet agrément est généralement de trois mois. L’administration vérifie notamment votre qualification, la qualité des services proposés et votre capacité à répondre aux besoins spécifiques des personnes vulnérables.

Cas particulier : L’agrément simple, moins contraignant, peut suffire pour des prestations comme la garde d’enfants de plus de 3 ans, mais ne permet pas d’intervenir auprès des publics fragiles.

Démarches administratives pour devenir auto-entrepreneur

Une fois l’agrément obtenu ou en cours d’obtention, voici les étapes administratives pour créer votre micro-entreprise d’aide-soignant :

1. Immatriculation de votre micro-entreprise

L’immatriculation se fait auprès du Centre de Formalités des Entreprises (CFE) de l’URSSAF. Depuis 2023, cette démarche s’effectue en ligne sur le site officiel des formalités d’entreprises : formalites.entreprises.gouv.fr.

Documents à préparer pour votre inscription :

  • Pièce d’identité en cours de validité
  • Justificatif de domicile récent
  • Numéro de sécurité sociale
  • Copie de votre diplôme d’État d’aide-soignant
  • Déclaration de non-condamnation

2. Après l’immatriculation

Suite à votre inscription, vous recevrez un courrier de l’INSEE contenant :

  • Votre numéro SIREN (identifiant de votre entreprise)
  • Votre numéro SIRET (identifiant de votre établissement)
  • Votre code APE, généralement 8810A “Aide à domicile”

3. Assurances professionnelles

Vous devez obligatoirement souscrire :

  • Une assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro) qui vous couvre en cas de dommages causés dans l’exercice de votre métier
  • Une protection juridique est fortement recommandée

4. Comptabilité simplifiée

En tant qu’auto-entrepreneur, vous devez tenir un livre des recettes, même simplifié (un tableau Excel peut suffire). Vous y consignerez chronologiquement toutes vos recettes professionnelles.

Vous devrez également déclarer votre chiffre d’affaires, soit mensuellement, soit trimestriellement, sur le site de l’URSSAF. Cette déclaration peut être faite même si votre chiffre d’affaires est nul pour la période.

Activités, missions et collaboration professionnelle

L’aide-soignant auto-entrepreneur peut réaliser diverses missions auprès de ses clients, tout en respectant son champ de compétences légal.

Les activités autorisées incluent :

  • Soins d’hygiène et de confort : toilette complète ou partielle, aide à l’habillage/déshabillage, change, prévention d’escarres
  • Aide à la mobilité : transferts, aide au lever et au coucher, prévention des chutes
  • Surveillance de l’état général : prise de température, observation des signes cliniques (sans interprétation médicale)
  • Aide aux repas : préparation, aide à la prise des repas, surveillance de l’hydratation
  • Entretien du cadre de vie : ménage de la chambre, entretien du linge, rangement
  • Accompagnement relationnel : écoute, présence, soutien moral

Collaboration avec d’autres professionnels :

L’aide-soignant auto-entrepreneur travaille généralement en collaboration avec :

  • Les infirmiers libéraux (IDEL) qui supervisent certains soins
  • Les médecins traitants qui prescrivent les soins
  • Les services d’aide à domicile
  • Les kinésithérapeutes et autres paramédicaux

Limites d’intervention :

Il est essentiel de comprendre que l’aide-soignant, même auto-entrepreneur, ne peut pas :

  • Réaliser des actes médicaux ou infirmiers (injections, pansements complexes, etc.)
  • Administrer des médicaments (sauf aide à la prise sous certaines conditions)
  • Établir des diagnostics médicaux

La collaboration avec un infirmier reste nécessaire pour de nombreux actes, l’aide-soignant travaillant sous sa responsabilité pour certaines interventions.

Particularités du statut auto-entrepreneur : tarifs, plafonds et fiscalité

Le statut d’auto-entrepreneur présente des spécificités importantes à connaître avant de vous lancer.

Plafonds de chiffre d’affaires :

En 2024, le plafond annuel de chiffre d’affaires pour rester sous le régime de la micro-entreprise est de 77 700 € pour les prestations de service comme celles d’un aide-soignant.

Attention à un autre seuil important : 36 800 € HT. Au-delà de ce montant, vous devenez assujetti à la TVA, ce qui signifie que vous devrez facturer la TVA à vos clients (qui sont souvent des particuliers ne pouvant pas la récupérer).

Tarification des prestations :

En tant qu’auto-entrepreneur, vous fixez librement vos tarifs. Pour un aide-soignant indépendant, les prix pratiqués se situent généralement entre :

  • 18 à 25 € de l’heure en journée
  • 25 à 35 € de l’heure en soirée ou week-end
  • 30 à 40 € de l’heure les jours fériés ou la nuit

Ces tarifs doivent prendre en compte :

  • Vos frais de déplacement
  • Vos cotisations sociales
  • Votre matériel professionnel
  • Vos assurances
  • Le temps administratif (non facturé directement)

Fiscalité :

Deux options s’offrent à vous pour l’imposition de vos revenus :

  • Le versement libératoire : si le revenu fiscal de référence de votre foyer ne dépasse pas certains seuils, vous pouvez opter pour ce système où vous payez directement l’impôt sur le revenu en même temps que vos cotisations sociales (taux global d’environ 24,8% du chiffre d’affaires).
  • L’imposition classique : votre chiffre d’affaires est intégré à vos autres revenus après application d’un abattement forfaitaire de 34% pour frais professionnels.

Exemple : Pour un chiffre d’affaires annuel de 30 000 €, le revenu imposable après abattement sera de 19 800 € avec l’imposition classique.

Rémunération, cotisations sociales et protections

Les cotisations sociales :

En tant qu’aide-soignant auto-entrepreneur, vous paierez des cotisations sociales calculées sur votre chiffre d’affaires réel. Le taux global de ces cotisations est d’environ 22% de votre chiffre d’affaires pour les prestations de service.

Ces cotisations vous ouvrent des droits à :

  • L’assurance maladie-maternité
  • L’assurance retraite (base et complémentaire)
  • Les allocations familiales
  • La formation professionnelle

Protection sociale :

Votre protection sociale en tant qu’auto-entrepreneur est moins complète que celle d’un salarié :

  • Pas d’indemnités journalières les 7 premiers jours d’arrêt maladie
  • Indemnités calculées sur votre revenu moyen des 3 dernières années
  • Pas d’assurance chômage (sauf si vous cotisez volontairement)
  • Retraite généralement moins avantageuse qu’un salarié à revenu équivalent

Revenus potentiels :

Pour vous donner une idée concrète, voici un exemple de calcul de revenus :

Éléments Montants mensuels
Chiffre d’affaires (80h à 25€/h) 2 000 €
Cotisations sociales (22%) – 440 €
Frais professionnels estimés – 300 €
Revenu net approximatif 1 260 €

À titre de comparaison, un aide-soignant débutant en établissement gagne environ 1 500 € nets mensuels pour un temps plein, avec une protection sociale complète.

Avantages financiers pour vos clients :

Avec l’agrément Services à la Personne (SAP), vos clients particuliers peuvent :

  • Bénéficier d’un crédit d’impôt de 50% sur les sommes versées
  • Utiliser le CESU (Chèque Emploi Service Universel) pour vous régler

Ces avantages fiscaux sont un argument commercial important à mettre en avant.

Avantages, limites, formation et accompagnement

Les avantages du statut d’aide-soignant auto-entrepreneur :

  • Liberté professionnelle : choix des missions, des horaires, des clients
  • Simplicité administrative : comptabilité allégée, formalités réduites
  • Flexibilité : possibilité de combiner avec un emploi salarié à temps partiel
  • Revenus potentiellement plus élevés qu’en salariat à temps de travail équivalent
  • Relation privilégiée avec les patients : suivi personnalisé, temps d’accompagnement adapté
  • Développement de compétences entrepreneuriales : gestion, communication, prospection

Les limites à prendre en compte :

  • Protection sociale moins avantageuse qu’en salariat
  • Irrégularité potentielle des revenus, surtout au démarrage
  • Responsabilité juridique accrue en cas de problème
  • Nécessité de prospecter pour trouver des clients
  • Solitude professionnelle comparée au travail en équipe
  • Plafond de chiffre d’affaires limitant la croissance

Formation et développement professionnel :

Pour réussir en tant qu’aide-soignant auto-entrepreneur, pensez à :

  • Suivre des formations complémentaires spécifiques (gériatrie, handicap, nutrition…)
  • Vous former aux bases de la gestion d’entreprise (comptabilité, marketing, communication)
  • Participer à des groupes d’échange entre professionnels pour rompre l’isolement
  • Utiliser votre Compte Personnel de Formation (CPF) pour financer ces formations

Accompagnement au démarrage :

Plusieurs structures peuvent vous aider à lancer votre activité :

  • France Travail (ex-Pôle Emploi) propose des aides et un accompagnement aux créateurs d’entreprise
  • Les Boutiques de Gestion (BGE) offrent des conseils personnalisés
  • L’ADIE peut vous accorder des microcrédits pour financer votre démarrage
  • Les chambres des métiers proposent souvent des formations à la création d’entreprise

Témoignage inspirant :

“Après 10 ans en EHPAD, j’ai décidé de devenir aide-soignante auto-entrepreneure pour retrouver du sens dans mon métier. Aujourd’hui, je gère mon emploi du temps, je passe plus de temps avec chaque patient et j’ai redécouvert pourquoi j’avais choisi ce métier. Les débuts ont été difficiles, mais après six mois, j’ai fidélisé suffisamment de clients pour avoir une activité stable.” – Marie, 38 ans, aide-soignante indépendante depuis 2 ans.

Devenir aide-soignant auto-entrepreneur représente une voie professionnelle enrichissante pour ceux qui recherchent autonomie et proximité avec les patients. Ce statut, bien que comportant certaines contraintes administratives et limites d’exercice, offre une liberté appréciable dans un secteur où la demande est forte.

La réussite dans cette voie repose sur une bonne préparation, tant administrative que financière, ainsi qu’une compréhension claire de vos droits et obligations. N’hésitez pas à vous faire accompagner par des professionnels de la création d’entreprise pour sécuriser votre projet.

Si vous êtes aide-soignant(e) et que l’indépendance vous tente, prenez le temps d’étudier cette option en détail, de vous former aux bases de la gestion et de construire progressivement votre clientèle avant de vous lancer à temps plein.

Cet article a été rédigé par Thomas, consultant en marketing digital et fondateur de Blog Gagnant. Avec plus de 15 ans d’expérience, il partage ici des conseils concrets et des stratégies éprouvées pour aider les entrepreneurs du web à développer un business rentable et durable.

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